La 5G est-elle soutenable pour la planète et pour l'Homme ?
Mercredi 6 Novembre 2019
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Il y a un mois tout juste, nous évoquions le cas des Smartphones et de leur pollution. Nous évoquons aujourd’hui la 5G, la 5ème génération de technologie de communication pour échanger des données entre mobiles, qui va être testée par le grand public dès Janvier 2020.
Alors que la 4G, la 4ème génération, a été déployée il n’y a que 7 ans (!), elle se voit déjà bousculée par la 5G au nom de la rapidité, de l’instantanéité dont nous aurions encore plus besoin.
Avec la 5G, c’est facteur 10 pour tout : 10 fois plus de débit, 10 fois moins de temps de latence (comprendre temps de transmission de la requête) et 10 fois plus d’objets connectables en même temps.
Nantes a été une ville pilote pour la 5G dès Avril 2019 en partenariat avec l’opérateur SFR pour des premiers tests à petite échelle.
Et donc à partir de Janvier 2020, ce sont 500 testeurs de la 5G sélectionnés à Nantes Métropole, 300 particuliers et 200 entreprises qui vont pouvoir utiliser en avant-première la 5G avec l’opérateur Orange.
Nantes est l’une des 5 villes françaises retenues pour tester la 5G en version grandeur nature. Orange déploie actuellement des nouvelles antennes dédiées - sur les équipements 4G déjà existants - dans la ville et les communes alentours.
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Bien sûr, meilleur débit ne signifie pas meilleure utilisation. A l’heure où les outils informatiques sont de plus en plus simplifiants, je constate au quotidien auprès de mes étudiants combien il est difficile pour eux d’estimer le poids de leurs usages numériques. Combien pèse une photo prise avec leur téléphone ? Combien pèse une vidéo regardée en streaming ? Hier, avec les disquettes de 1,44Mo, les CD de 650Mo, la notion de taille et de limite était bien réelle. Aujourd’hui le cloud efface ces notions.
Et la 5G ne va pas arranger ce phénomène. Plus de débit a toujours signifié, plus de consommation de données. Et c’est logique. L’effet rebond existe partout. Par exemple, les voitures à Mexico, Los Angeles ou encore Bogota - Bogota où soulignons-le, Claudia Lopez, une écologiste vient d’être élue maire, de quoi espérer - créent une congestion immense dans ces villes. Les infrastructures gigantesques dans ces villes (autoroutes à 2x5 voies, échangeurs géants, etc.) auraient dû permettre d'y fluidifier le trafic. Au contraire, plus on a fait de place aux voitures, plus elles en ont prise.
Il en est de même avec la technologie et il en sera sans aucun doute de même avec la 5G ! Plus de débit, plus de consommation irraisonnées de données ! Et on le sait désormais si vous suivez cette chronique régulièrement, cette consommation effrénée de données à un coût pour la planète ! Cette pollution numérique n’est pas soutenable.
Les opérateurs téléphoniques vantent des nouveaux usages possibles comme la télémédecine, la voiture autonome, des usages industriels mais aussi plus d’objets connectés tous plus ou moins utiles, de maisons connectées, de vidéos regardées en très haute qualité, plus de réalité virtuelle ou augmentée, etc. Pas certain que la 5G concourt à raisonner nos usages.
Alors qu’Internet est un formidable vecteur de connexion entre les gens, déployé ainsi, il favorise l’hyperconnexion, impacte trop fortement notre environnement et amplifie la fracture numérique.
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Sur cette question, il convient d’être extrêmement prudent quand on parle de ce sujet pour éviter d’être catalogué comme un lanceur d’alerte pour les uns et pour celui qui ferme les yeux pour les autres. Le sujet est extrêmement complexe car technique. Je dirai simplement qu’il y a un doute. On ne sait pas. Oui, il y a un doute quant aux effets potentiels sur notre santé. Les pourfendeurs de la 5G, impatients de relancer de plus belle un marché du smartphone en fort ralentissement, assurent qu’il n’y a pas de risque. Quant aux autres, ils alertent sur :
On notera, à titre d’exemple, que, d’après RTS (Radio Télévision Suisse), le gouvernement du Jura Suisse se bat contre la pression des opérateurs téléphoniques pour geler l’installation d’antennes 5G en attendant les résultats d’une étude prévue pour la fin de l’année 2019.
Outre la santé à proprement parlé, je pointerai plutôt l’hyperconnectivité que la 5G pourrait entraîner et donc l’impact potentiel au niveau sociétal.
Quid d’une société hyperconnectée ? Stéphane Richard, PDG d’Orange déclarait au micro de France Info le 8 Octobre dernier : “il y aura des caméras sur des drones dans les stades et on pourra choisir l'angle de vue que l'on veut”. Formidable pour les uns, critiquable de mon point de vue. Si chacun vit son expérience dans son coin, quid du partage ? Voulons-nous réellement un stade de la Beaujoire où chacun aura les yeux rivés sur son écran à vouloir voir et revoir la dernière action sous 10 angles différents pour juger s’il y avait faute ou non. Ou trembler ensemble pour attendre la décision de l’arbitre ?
A choisir je préfère, au nom d’une société qui vit ensemble, la 2ème option... même si, pour l'arbritre, c'est à l’aide de l’assistance vidéo... !
Finalement, la déconnexion forcée à cause de la saturation du réseau à la Beaujoire a du bon. Que ça continue encore et encore !
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Le coût énergétique sera très important car il nécessite d’une part l’implantation de nouvelles antennes compatibles 5G et, de plus, les ondes utilisées seront à terme, plus courtes que celles actuelles : il faudra donc beaucoup plus d’antennes. On parle d’un relai tous les 100m pour assurer la continuité du signal 5G.
En 2026, dans 7 ans donc, on estime que seuls deux tiers de la population sera couverte par cette technologie. Souhaitons au moins que le reste de la France en aura fini avec les zones blanches ou très mal couvertes par la 4G, au nom de la cohésion de notre territoire.